Cinq mois après avoir présenté ce concours si redouté et
exigeant, je me décide enfin à vous écrire cet article dans l'espoir de venir
en aide (ne serait-ce que mentalement) aux bambinos un peu perdus qui
s'apprêtent à faire face à ce long chemin de préparation.
Avant de commencer,
je tiens à préciser que je n'ai pas été reçue au concours. Mes conseils ne
valent donc pas de l'or ; mais j'ai appris de mes erreurs et si je peux en
aider d'autres à ne pas faire les mêmes, tant mieux.
Je m’adresse particulièrement à ceux qui envisagent de passer
ce concours seuls, de se préparer sans organismes privées. Ça a été mon cas,
les prépas privées étant bien trop hors-de-prix pour le budget de mes parents
et n'assurant en rien une place chez les sciences-pistes. Si je peux cependant
leur trouver un avantage, c'est d'apporter la "méthode sciences po" et de l’accompagnement aux élèves, tant
psychologique (vous n'êtes plus seul) que scolaire.
Il existe aussi des préparations à distance, avec le
CNED ou
la
Documentation Française. Celles-ci vous envoient les cours et les devoirs
que vous pouvez retourner ensuite pour bénéficier d'une correction. Elles
demandent donc de l'organisation personnelle et de la rigueur dans le travail.
Encore une fois, ne les ayant pas testées, je ne saurais vous dire ce qu'elles
valent.
Je reste toutefois convaincue qu'il est possible de réussir
ce concours sans prépas privées. Par de la rigueur, de l'organisation, du
talent, de l'intelligence, du travail et de la sueur, on arrive à tout. On ne
choisit pas notre famille ni son niveau de vie. Et même si vous faites partie
de cette classe moyenne qui n'a ni un capital (culturel et économique)
favorisant pour Sciences Po Paris ni un statut permettant l'entrée par la
passerelle ZEP, vous aussi pouvez prétendre à l'excellence.
- Tout d'abord, posez-vous les bonnes questions.
« Pourquoi
cette école ? Pourquoi je veux présenter ce concours ? Suis-je prête
à m’en donner les moyens ? Ce concours ou un autre ? Suis-je prête à bosser plusieurs programmes en
parallèles (1ère et Tle) ? … »Une fois que vous aurez trouvé les réponses, vos réponses,
vous avez défini votre motivation. Cette motivation
dont vous aurez énormément besoin pour continuer à avancer. C’est en sachant
pourquoi vous le faites que vous donnerez le meilleur de vous-mêmes.
J’ai perdu beaucoup de temps au début de l’année scolaire,
juste avant les inscriptions au concours à décider si c’était vraiment ce que
je voulais. Car Sciences Po Paris n’est pas, et ne doit pas être votre seule
option. Les IEP de province sont une bonne alternative, le concours étant plus
tard dans l’année, et davantage axé sur le programme du bac. Chacun a ses
avantages, ses ambiances et seul vous pouvez savoir où vous vous épanouirez le
plus.
Une fois que votre motivation sera solidement établie, il
sera aussi plus simple pour vous de faire face aux défaitistes, à ceux qui ne
croient pas en vous, à toutes les mauvaises influences qui ne vous seront d’aucune
aide, si ce n’est de vous faire douter.
- Vous interrogez le plus tôt
possible vous permettra de ne pas vous y
prendre à la dernière minute. Vous pourrez ainsi avoir le temps de faire
les portes ouvertes, rencontrer des gens, vous renseigner sur le concours en
lui-même et sur l’école et anticiper vos
révisions.
- Toutes ces informations vous
seront utiles lors de l’élaboration de votre dossier.
Je rappelle en effet que
le concours Sciences Po Paris a la particularité de se dérouler en trois phases : dossier –épreuves écrites
(desquelles peuvent être dispensés d’excellents dossiers) d’admissibilité –
oral d’admission. Le dossier compte donc pour moitié dans l’admissibilité et
vous ne pourrez pas connaître votre note avant de passer les épreuves. Portez donc une attention particulière à
votre dossier. Il serait bête de partir
avec un handicap (sans le savoir).
Il s’agit donc de vous donner dans les bulletins de Seconde, Première, et du premier
trimestre de Terminale ; de soigner
votre lettre de motivation (c’est le moment de dévoiler votre plus belle
plume) ; mais aussi de développer votre vie extra-scolaire. Recruter grâce
au dossier permet ainsi de repérer des profils atypiques. Activités, sports,
engagement associatif, engagement politique, voyages, tous ces composantes qui
font de vous cet être formidable.
Il ne s’agit pas d’être championne du monde d’athlétisme
avec 18 de moyenne et d’avoir fait le tour du monde en bateau pour une
association qui promeut l’éducation des enfants. Il s’agit de mettre en valeur
ce qui vous rend particulier(e), tout en
faisant le lien avec l’école. Montrez ce que vous pourrez apporter à l’école et
en quoi celle-ci est la meilleure orientation possible pour vous.
- Passons
ensuite aux révisions, la tâche la plus lourde, la plus effrayante mais aussi
la plus importante et qui peut devenir la plus excitante. Pour cela, organisez-vous pour ne pas devenir fous.
Je déconseille les comportements excessifs qui consisteraient à vous couper de
toute vie sociale et toute activité de Septembre à Février. D’une part, parce
que s’oxygéner le cerveau (par le
sport notamment) est primordiale pour tous étudiant. D’autre part, pour ne pas se rendre malade de ce concours.
Vous ne jouez pas votre vie.
Travailler
moins mais plus souvent est plus efficace que faire du bourrage de crâne. Pour
allier au mieux la préparation du bac et du concours, vous pouvez, par exemple,
réserver une heure par soir, un peu plus le week-end, de préparation spécifique
au concours ; en accentuant dans les dernières semaines. Avec un peu de
chance, le concours tombera après une semaine de vacances (parfait pour une dernière
ligne droite). Cette préparation est un marathon est chacun sait ce qui est bon
pour lui.
- Pour ce qui est de la matière, diversifiez les révisions :
- - Reprenez vos cours de première, relisez-les, fichez-les et connaissez-les. Si vous êtes en première, c’est le
moment, en vue du concours l’année prochaine, d’approfondir vos cours d’histoire
et de SES (si vous le prendrez en option). En plein dans le programme, vous pouvez ainsi
commencer à travailler sereinement le concours et les résultats ne seront que
bénéfiques.
- Armez-vous d’un manuel d’histoire de première. Cette source fiable vous offre un
autre regard sur le programme.
- Dotez-vous d’annales solides. Celles-ci restent des compléments au cours. En SES,
j’ai découvert un petit livre très bien fait et assez complet : « tout le programme en 50 fiches » aux éditions ellipses, il existe aussi pour l’histoire.
- Lisez
des livres complémentaires, qui vous donneront un regard global, un nouveau
regard sur certains points et nourriront votre copie. Faites une lecture active, c’est un conseil de prof : avec un
surligneur, un crayon à papier ou un post-it à la main. Votre esprit s’attarde
sur les points importants et vous pourrez au besoin le feuilleter plus simplement
pour vous remettre les idées en tête. On trouve de bonnes bibliographies ici, ici ou encore ici. Je vous conseille
de choisir vos livres en magasins, de lire la 4eme de couverture avant de les
acheter. S’il y a des classiques, tous les livres proposés ne conviennent pas à
tous. De la même façon, tous les livres ne se lisent pas de A à Z. Une grosse
anthologie par exemple, peut se commencer puis se reprendre plus tard ou
vous pouvez ne vous attardez que sur
certaines périodes pour étoffer votre étude. Vous vous devez d’approfondir vos cours, le concours
étant un cran au-dessus du bac, à vous de mettre vos révisions un cran
au-dessus.
- Diversifiez
les sources. Pour stimuler l’intellect, les divers formes de mémoire, votre
culture générale et rendre votre apprentissage plus amusant. Intéressez-vous à
l’actualité, vous pouvez même la
lire en langue étrangère pour pratiquer. Le site de l’INA regorge d’archives d’histoires. Beaucoup de vidéos qui
offrent un point de vue différent et une autre façon de traiter un sujet. Vous retiendrez
sûrement plus, cette image, cette anecdote, que la suite chronologique de tous
les évènements. Cultivez-vous,
enrichissez-vous intellectuellement et faites de ce concours une opportunité,
plus qu’un bagne.
- Enfin, lors des derniers mois, apprenez vos plans de cours d’histoire par cœur.
Le mieux est de les faire vous-mêmes en suivant l’intitulé précis du programme
du concours et en les nourrissant de tous ce que vous avez appris et découverts.
Face à votre copie, vous n’aurez pas le temps de réfléchir à un plan, autant
avoir un brouillon déjà clair et prédéfini, si je puis dire, dans votre tête.
- Si ce concours est exigeant, c’est
aussi parce qu’il est différent de ce que vous connaissez dans votre
préparation pour le bac.
Le format des
épreuves est différent et demande donc une préparation spécifique. Il est
donc important de prêter une attention particulière à la méthode. C’est, en partie, cette négligence de l’entrainement et de
la méthode qui m’a fait défaut. Si vous vous préparez seul, c’est sur ce point
je pense qu’il faut combler la différence
que créent les prépas privées.
en prenant part à des
groupes Facebook, suivant des blogs spécialisés, en partageant … Qui sait, peut-être
que quelqu’un de votre classe a le même projet ! Vous n’êtes pas seul et
comme on dit, « tout seul on va plus vite, à deux on va plus loin ».
Dans les dernières semaines, je faisais partie d’un
groupe Facebook vraiment
stimulant. C’était le Facebook du blog
Sosciencespo tenu par des
sciences-pistes. J’ai particulièrement apprécié la solidarité (partage de
fiches ou de plans, aides, réconfort, etc) et les conseils des sciences-pistes
qui sont passés là avant nous.
D’ailleurs
je conseille aussi le blog, mine d’infos.
Mettez à profit les richesses qu’offrent internet et les
réseaux sociaux.
- Et pour finir, croyez
en vous. On a tous la capacité d’être bon, seul le travail et la
persévérance vous rendront excellents.
Bonne chance, et puisse le sort vous être favorable.